Protéger les petits animaux – techniques de fauche comparées

Les insectes sont généralement présents en grand nombre dans les prairies. L'ampleur de leurs pertes lors de la fauche des prairies a fait l'objet d'une vaste étude en Haute-Autriche. Les résultats viennent d'être présentés. Dans le cadre de ce projet financé par le ministère fédéral de l'agriculture, des régions et de la gestion de l'eau, un groupe d'experts issus de cercles de machines, de la chambre d'agriculture, de l'institut de recherche BLT de Wieselburg, de biologistes indépendants, de Pöttinger et de l'université de Vienne a étudié l'impact de différentes techniques de fauche sur les insectes dans diverses prairies de fauche et en situation pratique.

Cinq variantes de fauche ont été testées : une faucheuse à disques traditionnelle à double lame, une faucheuse à disques avec conditionneur, une faucheuse à disques avec conditionneur munie de deux dispositifs d'effarouchement différents et enfin une faucheuse à double lame. Les variantes de fauche ont subi ce test pendant un total de huit jours d'essai en 2021 et 2022 sur des prairies agricoles fauchées quatre à cinq fois et des surfaces de protection de la nature fauchées une à deux fois dans les Préalpes de Haute-Autriche. Sur ces surfaces, la présence d'insectes a été recherchée avant la fauche tout comme les pertes d'insectes après la fauche. Les insectes qui s'envolaient ont été capturés à l'aide de filets, l'herbe fauchée a été fouillée et le sol a été aspiré. Ensuite, les insectes encore vivants et ceux qui ont subi des dommages ont été comptés et les résultats ont fait l'objet d'une analyse statistique.

Découverte n°1: des différences entre les techniques de fauche

Avec moins de 5% de pertes d'insectes, la faucheuse à double lame était la variante la plus respectueuse des insectes. Les faucheuses à disques traditionnelles se situaient toutefois juste au-dessus avec moins de 10%. En cas d'utilisation de faucheuses conditionneuses, les pertes d'insectes grimpent en moyenne à environ 15 à 20%. Les dispositifs de protection et d'effarouchement testés n'ont pas apporté de contribution significative à la protection contre les insectes. On a pu observer, surtout avec les faucheuses-conditionneuses, que les insectes de grande taille sont exposés à un risque de blessure disproportionné. Dans la pratique, il existe des différences entre les groupes d'insectes en ce qui concerne le taux de mortalité. Les bourdons et les abeilles mellifères sont suffisamment rapides pour fuir les faucheuses. On les trouvait plus souvent avant qu'après la fauche. Mais la base de données ne permet pas d'obtenir un résultat statistiquement fiable. Cependant, lorsque les bourdons ou les abeilles mellifères ont été happés par la faucheuse, ils ont été endommagés à peu près aussi souvent que les autres insectes de la même catégorie de taille.

Découverte n°2: Du potentiel dans l’adaptation de la technique

Le nombre d'insectes étant le plus élevé au début et au milieu de l'été, le fait de renoncer au conditionneur à cette période pourrait contribuer considérablement à la protection des insectes lors de la fauche. Les résultats de l'étude met en évidence le potentiel: si un conditionneur est installé dans la faucheuse, il ne peut pas être simplement supprimé et est donc généralement utilisé à chaque fauchage. Johannes Hintringer, le responsable du projet, déclare à ce sujet : «C'est justement durant les chauds mois d'été, où les insectes sont nombreux, que les agriculteurs n'ont souvent pas de besoin impératif de conditionneur. Ne pas en utiliser pourrait constituer une situation gagnant-gagnant, à la fois pour les insectes et les agriculteurs. Si les fabricants de faucheuses permettaient aux agriculteurs de rendre les conditionneurs de fauche amovibles ou escamotables selon le besoin, ce serait une contribution facile à réaliser pour protéger les insectes.»

Découverte n°3: Dans les prairies à haut rendement, veiller à préserver les insectes

Certaines espèces d'insectes trouvent également un habitat et de la nourriture dans les prairies à haut rendement. Elles peuvent y être présentes en densité nettement plus élevée que dans les prairies plus extensives. Pendant les mois d'été en particulier, le nombre absolu d'insectes endommagés par surface peut donc être significativement plus élevé sur ces prairies à haut rendement que sur des surfaces moins productives, ce pour une même méthode de fauche. Le biologiste Dirk Schorkopf reconnaît : "La conclusion est que nous devons tenir compte de la nécessité de ménager les insectes sur toutes les surfaces herbagères, et pas seulement sur les prairies extensives riches en espèces". Les prairies non fertilisées fauchées une ou deux fois abritent souvent des espèces d'insectes rares, c'est pourquoi l'utilisation des techniques de fauche les plus respectueuses des insectes peut contribuer à la survie de ces espèces.